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Globalement, l’économie congolaise s’est bien comportée durant l’année 2014. Son PIB s’est accru de plus ou moins 9 % ; elle a connu une inflation de 1.1 % ; son taux de change a faiblement glissé (0.1 %) sur l’ensemble de l’année. Toutefois, les effets de cette performance macroéconomique sur les conditions de vie de la population demeurent limités (en termes d’accroissement des revenus, de création des emplois, d’accès aux services sociaux, …). Face à la dégringolade de l’économie chinoise et la baisse des cours de métaux, la RDC pourrait afficher un taux de croissance de 8,4% en 2015, en lieu et place de 10,1% tel que prévu vers la fin de l’année dernière par le FMI. Le gouvernement a donc revue à la baisse ses prévisions de la croissance en 2015.

Situation économique en 2014

L’accroissement du PIB congolais entre 2013 et 2014 a été impulsé par les secteurs industries extractives, industries manufacturières, agriculture, construction et commerce. Le secteur minier a contribué, à lui seul, pour 3 points du taux de croissance réalisé. Le secteur manufacturier a vu sa part dans la croissance passée de à 0.5 à 1.1 point grâce notamment aux efforts de modernisation de l’outil de production de certaines entreprises. L’agriculture a pour sa part, profité de la remise en état de certaines routes et du bon comportement de la demande. Le secteur de la construction est resté dynamique en raison des efforts conjugués par le Gouvernement pour remettre en état certaines infrastructures de base (routes, aéroports, écoles, centres de santé, …).

Le secteur minier qui demeure le principal levier de la croissance économique e RDC a une faible incidence sur la création de valeur ajoutée et des emplois dans le pays. Il n’emploie que 5 % de la population active alors qu’il absorbe plus de 50 % des investissements de grande envergure réalisés durant ces 12 dernières années. Aussi, sa contribution aux recettes publiques demeure faible (11 % du budget selon les estimations) alors que son potentiel de recettes fiscales est 7 fois plus élevé.

Durant l’année 2014, le secteur tertiaire a été, dans l’ensemble, performant. Le commerce de gros et de détail a profité du faible niveau de l’inflation et de la stabilité du taux de change. Pour améliorer la qualité des services de transport urbain, le Gouvernement a acheté 250 bus (appelés « Esprit de vie ») qui ont été vendus à crédit aux opérateurs privés. En partenariat avec Air France-KLM, il a créé la compagnie Congo Airways. Pour relancer le transport fluvial et lacustre, le Gouvernement a interdit la perception de 36 taxes illégales dans le secteur. La branche des télécoms continue sa progression et a accueilli un nouvel opérateur (Yozma Time Turn).

L’accroissement du PIB en 2014 se fonde – en partie – sur les progrès enregistrés par le secteur privé de l’économie. L’investissement privé s’est accru de 7.7 % et 4208 entreprises ont été créées. La baisse du délai de création d’entreprise, la résorption progressive du déficit infrastructurel, l’abolition de certaines taxes et l’élargissement des possibilités intérieures de financement de l’économie sont autant de facteurs qui ont favorisé cette amélioration. Il faudrait toutefois résoudre le problème des coupures intempestives d’électricité et d’eau.

Quoique la RDC ait été classée 184ième sur 189 pays au classement Doing Business 2015, elle figure parmi les 10 économies du monde ayant amélioré leurs climats des affaires en 2014. Ce progrès est dû entre autre, à la mise en place du Guichet unique de création d’entreprise, à un accès plus facile au raccordement à l’électricité (grâce à une réduction du nombre d’autorisations et du coût de la caution), à un accès plus facile à l’information sur le crédit, et à un assouplissement du processus de paiement des impôts (grâce à une simplification des déclarations d’impôt).

Tableau 1. Principaux indicateurs macroéconomiques : 2012 – 2014

Au plan macroéconomique, l’inflation a été sous contrôle (1.1 % contre un objectif annuel de 3.4 %) et le taux de change a été peu volatile (avec un glissement annuel de 0.1 %). Les efforts de coordination des politiques budgétaire et monétaire ont permis de contenir l’inflation afin de préserver le pouvoir d’achat des revenus et faciliter la prise de décisions par les agents économiques. Du côté des finances publiques, des efforts ont été conjugués pour élargir l’espace fiscal et rationnaliser les dépenses. Les recettes qui étaient de 3519.75 milliards de CDF en 2013, se sont chiffrées à 3775.19 milliards en 2014, soit un accroissement de 7.3 %. Le déficit des opérations financières de l’Etat est estimé à 3.3 % du PIB (contre un déficit de 1.7 % en 2013).

Pour préserver la viabilité des finances publiques, le Gouvernement s’efforce à mener une politique prudente d’endettement. Il a ainsi institué un dispositif rigoureux de suivi des nouveaux engagements. Aussi, il s’évertue à honorer ses engagements en termes de paiement du service de la dette. En 2014, le service de la dette extérieure a été exécuté pour un montant total de 126.48 millions USD contre une programmation de 121.88 millions.

Tableau 2. Recettes et dépenses publiques : 2012 – 2014

La politique monétaire a pour sa part, été menée avec comme objectifs de maintenir la stabilité des prix intérieurs, d’assurer un bon financement de l’économie et de dédollariser graduellement l’économie. A cet égard, les ajustements de la quantité de monnaie en circulation ont été effectués en tenant compte du développement de l’activité économie. La Banque Centrale du Congo (BCC) a maintenu son taux directeur à 2 % et a opéré une discrimination sur les coefficients de réserves des dépôts bancaires en devise et en monnaie nationale (en faveur de dépôts libellés en CDF). Elle a aussi édicté une nouvelle réglementation de change qui essentiellement consacre la primauté du CDF sur le territoire national en tant que monnaie de règlement des transactions et prestations de services ainsi que de paiement de tous les impôts, droits et autres taxes.

En dépit du creusement du déficit commercial, la position extérieure du pays s’est améliorée en 2014 grâce au bon comportement des transferts courants et du compte des opérations en capital. Les exportations en volume ont progressé de 13.3 % grâce au bon comportement de la demande des minerais. Les importations ont quant à elles, augmenté de 15.4 % et ont été dominées par les biens de consommation et d’équipement (71 % du total).

Tableau 3. Compte courant : 2012 – 2014

Le système financier de la RDC est en expansion, une 21ième banque a vu le jour en 2014 et 3 nouvelles institutions de microfinance de renommée internationale ont été agréées entre 2013 et 2014. Sa contribution à la croissance s’est accrue de 0.1 point par rapport à 2013. Les volumes de crédits et de dépôts se sont accrus de 18 et 23 % respectivement. Grâce à une utilisation accrue de la monétique et à la poursuite de la bancarisation de la paie des fonctionnaires et agents de l’Etat, les opérations financières se sont davantage développées dans le pays. Nonobstant ces progrès, l’accès aux services financiers demeure encore très limité. Structurellement, les crédits octroyés par le système financier national sont toujours dominés par des crédits de court terme.

Contexte social en 2014

Les performances économiques réalisées par la RDC ont une incidence limitée sur les conditions de vie de sa population. Quoiqu’elle ait baissé durant ces 10 dernières années, l’incidence de la pauvreté reste très élevée (61.3 %). Son indice de développement humain (IDH) est passé de 0.333 à 0.338 de 2013 à 2014, mais le pays ne pourra pas atteindre la plupart des OMD en 2015. La malnutrition chronique touche 43 % des enfants de moins de 5 ans ; l’insuffisance pondérale frappe un enfant sur quatre.

Des progrès ont été quand même enregistrés ces 3 dernières années, dans les secteurs éducation et santé. En 2014, le taux de scolarisation a été de 101 % contre 74.8 % en 2011, le taux de mortalité infanto-juvénile de 104 ‰ contre 158 ‰ en 2011, le taux de vaccination des enfants de 45.3 % contre 42 % en 2011, et l’espérance de vie de 50 ans contre 48.7 ans en 2011. Il reste encore d’importants défis à relever pour améliorer l’accueil et la qualité des services rendus.

En 2014, le pays a fait face au choléra, à la rougeole et à la poliomyélite ainsi qu’à l’épidémie d’Ebola (dans la province de l’Equateur, territoire de Boende). L’accès limité à l’eau potable et les problèmes d’assainissement liés au manque de bonnes installations hygiéniques constituent un vecteur de propagation de la fièvre typhoïde et du choléra. Des campagnes de vaccination contre la poliomyélite et la rougeole ont été organisées au niveau national avec une cible de 17 millions d’enfants.

Perspectives économiques pour 2015

Il est attendu une poursuite de la croissance économique et un maintien de la stabilité des prix intérieurs ainsi que du taux de change en RDC en 2015. Ces perspectives économiques tiennent à l’importance de la demande extérieure des principaux produits d’exportation du pays, à la hausse escomptée du taux d’investissement, et au desserrement progressif des contraintes infrastructurelles. Toutefois, une éventuelle détérioration de la situation politico-sécuritaire intérieure pourrait ralentir certaines activités et compromettre l’équilibre des finances publiques ainsi que la stabilité macroéconomique. L’effondrement des cours des principales matières premières produites par la RDC pourrait également jouer négativement sur les perspectives économiques de 2015.

Pour soutenir la croissance, le Gouvernement entend poursuivre sa politique budgétaire axée sur la relance de la demande et la modernisation des infrastructures. Aussi, il s’emploiera à élargir son espace budgétaire pour une meilleure prise en charge des dépenses publiques et du service de la dette publique. Dans ce cadre, il s’avère important de mettre sur pied la chaîne de la recette publique. En ce qui la concerne, la BCC compte maintenir en 2015, sa politique d’accès facile à l’argent grâce à un taux d’intérêt bas et à un assouplissement des conditions d’accès au crédit. Elle voudrait faire du secteur financier un véritable levier de la croissance grâce à l’introduction de nouveaux instruments.

Evolution économique intérieure au premier semestre 2015

Production

Au regard de réalisations de la production à fin juin 2015, les estimations faites par la Commission des Etudes Statistiques et des Comptes Nationaux (CESCN) font état d’un ralentissement attendu de l’expansion de l’activité d’une année à l’autre. En effet, le taux de croissance du PIB réel devrait s’établir à 8,4 % en 2015 contre 9,5 % en 2014 alors qu’il était initialement prévu à 10,3 %. Ce ralentissement est essentiellement localisé dans le secteur primaire (mines).

Néanmoins, la croissance de l’économie congolaise devrait demeurer supérieure à 3,9 points par rapport à la moyenne projetée pour l’Afrique subsaharienne de 4,5 %. Cette évolution de la croissance économique serait consécutive à une hausse de 8,7 % de la valeur ajoutée respectivement pour les secteurs tertiaire et primaire. En dépit de la bonne tenue globalement des activités manufacturières ainsi que de bâtiments et travaux publics, le secteur secondaire devrait continuer de pâtir des contre-performances des activités de la branche « Electricité, vapeur, gaz et eau ».

Du côté des emplois, la demande extérieure a connu une plus forte que la demande intérieure se situant à 15,1 % contre 6,4 % au courant du premier trimestre 2015.

Offre

Selon cette approche, la croissance serait tirée par les secteurs primaire et tertiaire. Pour le primaire, sa contribution à la croissance devrait être de 3,8 points de pourcentage. Cette progression proviendrait des industries extractives avec une contribution de 3,0 points et de l’agriculture vivrière dont la contribution se maintiendrait à 0,6 point, grâce notamment aux effets des campagnes agricoles menées par le Gouvernement et à la production de 20 000 tonnes de maïs pour la saison A au parc agro-industriel de Bukangalonzo.
Pour le tertiaire, sa contribution se situerait à 3,3 points de pourcentage, grâce essentiellement aux performances affichées par les branches « Commerce » et « Transports et Télécommunications ». Dont les contributions devraient se situer respectivement à 1,2 point de pourcentage contre 0,7 point et à 1,1 point contre 0,8 point en 2014. Ce dynamisme s’explique notamment par l’amélioration des voies et moyens de communication.

Il convient de relever que le dynamisme du secteur primaire est moins fort que celui affiché en 2014, du fait essentiellement d’un faible accroissement de la production de l’or dont le niveau est passé à 31 721 kg en 2015 après 23 539 kg en 2014. Alors qu’entre 2013 et 2014, cette production avait quintuplé provenant de 4 900 kg et du déficit énergétique.

Pour sa part, le secteur secondaire devrait accuser un léger repli de 1,1 point de pourcentage contre 1,2 point observé en 2014. Cette légère baisse s’expliquerait par celle de la production dans les industries alimentaires, suite à l’arrêt des activités durant la semaine des troubles socio-politiques intervenus au mois de janvier 2015. Néanmoins, les « autres industries manufacturières » devraient enregistrer un redressement de leurs activités, comme en témoigne la hausse de leur valeur ajoutée de 6,0 % contre -5,5 % en 2014, principalement soutenue par le développement des activités de minéraux non métalliques et de transformation de bois.

Demande

Du point de vue de la demande, l’activité économique en 2015 resterait soutenue principalement par la demande extérieure, laquelle a pesé à hauteur de 4,3 points de pourcentage après 5,5 points en 2014.
En effet, les exportations des biens connaîtraient une croissance plus forte que les importations des biens. En glissement annuel, les exportations de biens varierait de 15,3 % contre 8,6 % pour les importations de biens.
La consommation finale connaîtrait une décélération de sa croissance de 1,0 % après 7,3 % une année auparavant, ramenant sa contribution à la croissance du PIB à 5,7 points de pourcentage en 2015 contre 6,7 points.

La hausse de la consommation finale des ménages devrait passer de 7,8 % à 7,2 %, d’une année à l’autre, à la suite notamment de la baisse des revenus ; tandis que celle des Administrations publiques connaîtrait un accroissement de 1,0 % venant de 4,9 % une année auparavant.
Pour sa part, les investissements bruts enregistreraient une croissance de 6,7 % à fin 2015 après celle de 4,6 en 2014. Les investissements publics feraient ressortir une baisse de 5,9 % contre une hausse observée de 14,3 % en 2014. Quant aux investissements privés, les indicateurs disponibles à fin juin 2015 font état d’une poursuite de son orientation haussière, avec notamment un accroissement des investissements dans les mines.

Prix intérieurs

L’analyse de l’évolution de l’indice des prix à la consommation, au premier semestre 2015, révèle une consolidation de la stabilité. En glissement annuel, l’inflation se situe à 0,634 % face à un objectif annuel de 3,5 %. En cumul annuel, l’inflation a atteint 0,313 % alors qu’elle se situait à 0,708 % à la période correspondante de 2014. L’évolution mensuelle de l’inflation indique une tendance haussière aux quatre premiers mois de 2015. Au-delà, l’inflation a légèrement baissé, se situant autour d’une moyenne mensuelle de 0,054 %.

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