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Le maréchal-président, Idriss Déby Itno est décédé ce mardi 20 avril à Ndjamena, des suites de blessures reçues au front, où il était allé encourager ses troupes aux prises avec des rebelles sur le front Nord, à 400 km de Ndjamena, la capitale.

La nouvelle, annoncée ce mardi par le général Azem Barmandoa Agouna, porte-parole de l’armée Tchadienne, dans un communiqué lu à la télévision nationale a plongé le pays dans la stupeur, du coup semblant recouvert par une chappe de plomb :

« Le président de la République, chef suprême des armées, Idriss Déby Itno vient de connaître son dernier souffle en défendant l’intégrité territoriale sur le champ de bataille. C’est avec une profonde amertume que nous annonçons au peuple Tchadien le décès ce mardi 20 avril 2021 du Maréchal du Tchad ».

Le maréchal-président qui présidait aux destinées de ce pays désertique d’Afrique centrale depuis 30 ans, venait pourtant d’être réélu pour un sixième mandat, avec un score à la russe de 78%, et Ndjamena la veille au soir vivait au rythme de la soirée électorale et des tirs de joie après l’annonce de la victoire du président au premier tour de l’élection présidentielle

Ce qui a ajouté à la confusion car des rumeurs circulaient depuis la veille, disant que le président était blessé lors des combats contre les rebelles du Fact, qu’il avait été rapatrié d’urgence dans la capitale pour se faire soigner, mais ce n’était que des rumeurs difficiles à confirmer.

Blessé au front

Selon le chef rebelle Mahamat Mahadi Ali, cité par Radio France Internationale (RFI), « Idriss Déby était allé au combat dimanche et lundi. Des combats qui ont eu lieu près de Nokou dans le Kanem, une région située au centre ouest du pays. C’est là que le président tchadien aurait été blessé dimanche sur le champ de bataille. Le chef des Fact affirme avoir vu un hélicoptère se poser en plein milieu du combat, et évacuer le chef de guerre Tchadien ».

Est-ce là l’épilogue de celui qui a pris le pouvoir par les armes en 1990 et a régné d’une poigne de fer sur son pays ?

En tout cas, la réaction des forces armées tchadiennes n’a pas tardé, tout de suite, un Conseil Militaire de transition (CMT) a été mis en place, avec à sa tête, le propre fils du défunt, Mahamat Idriss Déby Itno, 36 ans à peine et général quatre étoiles. Le nouvel homme fort qui succède à son père est un officier de l’armée tchadienne, qui était jusqu’à ce mardi 20 avril au matin, le chef de la DGSSIE, la Direction générale de service de sécurité des institutions de l’État, plus connue des Tchadiens sous le nom de Garde présidentielle.

Le CMT a tout de suite annoncé la suspension de la Constitution ainsi que la dissolution du gouvernement et du Parlement, un couvre-feu de 18h à 5h du matin, une fermeture des frontières. Le Conseil militaire de transition a aussi annoncé qu’il va assumer une transition de 18 mois, tout en promettant des élections libres et démocratiques.  À côtés de Mahamat Idriss, il y a quatorze chefs militaires dont certains parmi les plus influents des dernières années du pouvoir de son père, essentiellement des généraux issus du nord et du clan d’Idriss Déby Itno. Ils constituent du reste le principal support de son pouvoir : le chef d’état-major et général des armées Abakar Abdelkerim Daoud, le directeur général du renseignement militaire Tahir Erda Taïro, auxquels il faut ajouter les ministres de la Sécurité publique, de l’Administration du territoire ou encore celui des Armées, tous des hauts gradés tchadiens.

Tensions dans les arcanes du pouvoir et demandes de retour à l’ordre constitutionnel

Les décisions du CMT ne plaisent pas à tous. Des sources à Ndjamena parlent de tensions au sein du premier cercle du pouvoir, il s’agit comme souvent en Afrique, du partage du pouvoir au sein du nouveau conseil.

Le fait que ce conseil militaire de transition se soit octroyé les pleins pouvoirs, n’est prévu nulle part dans la Constitution qui a été révisée en décembre 2020. Et cela est dénoncé par la société civile, l’opposition, ainsi que des partis issus de la majorité présidentielle. Tous demandent un retour à l’ordre constitutionnel, tandis que les soutiens de ce conseil justifient sa mise en place par des impératifs sécuritaires.

« Un ami courageux »

La France « perd un ami courageux » avec la mort du président tchadien Idriss Déby Itno, a annoncé ce mardi l’Élysée dans un communiqué, soulignant également l’importance d’une « transition pacifique » au Tchad, son allié au Sahel. Paris « exprime son ferme attachement à la stabilité et à l’intégrité territoriale du Tchad », poursuit l’Élysée dans un message de condoléances.

En effet, Idriss Déby Itno est arrivé au pour en 1990, grâce à un coup d’Etat, orchestré par la France, contre Hissène Habré. Et depuis, c’était le parfait amour entre celui que ses proches appelaient « Idi » et tous les dirigeants successifs de l’Hexagone depuis son avènement à la tête du Tchad. La France a ainsi décidé d’y positionner une partie de ses forces et, en 2014, d’installer le centre opérationnel de sa nouvelle opération, baptisée Barkhane, à Ndjamena.

Sa mort peut-elle remettre en cause l’opération Barkhane, le dispositif militaire français au Sahel dont le siège est à Ndjamena ?

Difficile à dire, toujours est-il que c’est un sujet d’inquiétude réel…

 

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