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Comme pour plusieurs pays africains, le développement de la RDC se heurte aux faiblesses qui caractérisent son processus d’accumulation du capital humain. Des efforts devraient être conjugués pour accroître le taux de scolarisation, le taux de couverture sanitaire et l’espérance de vie. Ces dernières années, les crédits budgétaires alloués à l’éducation et à la santé ont été en progression mais les décaissements de fonds posent problème. Les partenaires extérieurs contribuent beaucoup au financement des secteurs sociaux, mais leurs appuis sont très fragmentés.

Problèmes majeurs d’éducation et de santé en RDC

Durant ces cinq dernières années, les taux d’accès à l’éducation et aux services de santé ont progressé en RDC. Ceci est attesté par l’accroissement des taux de scolarisation et par la réduction des taux de morbidité, de mortalité et de prévalence de certaines maladies. Cependant, il demeure d’importants problèmes à résoudre. Tant dans le secteur éducatif que sanitaire, le déficit infrastructurel est très important. Aussi, le personnel employé est peu qualifié  et inégalement répartie dans le pays.

La petitesse des salaires affecte la qualité des services offerts. Parmi les défis à relever, il y a la réduction de la déperdition scolaire, l’amélioration de la qualité de la formation, la baisse des frais scolaires à charge des parents, l’amélioration de la qualité du système de santé, l’accroissement de l’espérance  de  vie. Ainsi, le Gouvernement devrait élargir son espace fiscal pour consacrer plus de moyens aux deux secteurs tout en veillant à la qualité des dépenses y engagées.

 

Vision du Gouvernement dans l’éducation et la santé

Pour mettre en place un système éducatif de qualité offrant les mêmes opportunités de réussite aux filles et garçons, le Gouvernement a décidé de créer les conditions pour l’éclosion d’une expertise nationale qualifiée, de favoriser l’accès à l’éducation à tous [grâce à une politique de gratuité de l’éducation], et d’améliorer la qualité des enseignements. Dans le secteur de la santé, il se propose d’assurer l’accès aux soins de santé primaire de qualité [à des coûts abordables], de combattre les grandes pandémies, et de développer progressivement les zones de santé pour en accroître l’accès.

Mobiliser plus de moyens pour un meilleur financement des secteurs sociaux

Pour une meilleure prise en charge des dépenses sociales, le Gouvernement devrait mobiliser davantage de ressources publiques. C’est ainsi que des efforts sont conjugués pour élargir l’espace budgétaire grâce à la lutte contre la fraude, l’évasion fiscale et les détournements. De 2009 à 2013, les recettes sont passées de 16 à  21 % du PIB.

Recettes publiques: 2001 - 2012Cette performance tient à l’amélioration du rendement des régies [sur fond d’un ensemble de réformes]. Il faut cependant noter que jusque-là, les industries extractives en dépit de leur grand potentiel de croissance et des progrès qu’elles enregistrent depuis 2002, contribuent faiblement aux recettes fiscales (moins de 15 %).  Au niveau des provinces, les recettes publiques ont aussi augmenté mais, leur collecte est inférieure au potentiel réalisable. Ceci tient essentiellement à l’inefficience et au cadre organique défaillant des services commis à la collecte des recettes. Un autre facteur limitatif des budgets provinciaux est le non-transfert des 40 % des recettes à caractère national ;

Plus de crédits budgétaires pour l’éducation et la santé

Pour permettre aux enfants de s’instruire et d’être en bonne santé, le Gouvernement devrait consacrer plus de moyens à l’éducation et à la santé.  Comme l’indique le tableau ci-contre, la part des secteurs sociaux dans  le  budget  est  en  hausse  depuis  2011.

Les dépenses de 2013, y compris l’aide déclarée, ont représenté pour la santé 6.1 % des dépenses totales et pour l’éducation 14.8 %, représentant ensemble 20.9 % des dépenses publiques. Cependant, pour garantir le droit à l’éducation primaire et aux soins de santé, les moyens ne suffisent pas.

SchoolLes  ressources budgétaires allouées à l’éducation et à la santé sont essentiellement consacrées au paiement des salaires, des primes et frais de missions (±90 % des dépenses engagées en 2012 et 2013). La part réservée à l’investissement est faible alors que les deux secteurs sont ponctués par un   important   déficit   infrastructurel. Toutefois, en 2013, elle a augmenté pour les deux secteurs en raison du programme gouvernemental de construction et de réhabilitation des écoles et le rééquipement de centres de santé et hôpitaux.

La part du budget consacrée à l’éducation et à la santé demeure inférieure à ce qu’elle devrait être si l’on s’en tient à la nature des problèmes à résoudre. En dépit de décentralisation, la plupart des ressources allouées aux deux secteurs dans les provinces sont sous le contrôle du Gouvernement central. Aussi, il y a de fortes disparités des allocations entre province.

Financement effectif de l’éducation et de la santé

Des efforts considérables sont conjugués depuis 2011, par le Gouvernement – avec l’appui des partenaires – pour résorber progressivement le déficit infrastructurel qui ponctue les secteurs de l’éducation et de la santé. Un projet ambitieux de construction de 1000 écoles  sur l’ensemble du territoire  national a été lancé. Plusieurs  écoles ont été dotées  en manuels équipements scolaires.

Pour garantir un bon fonctionnement des écoles et centres de santé, le Gouvernement s’évertue à remettre en état certaines infrastructures sanitaires, transférer régulièrement les frais administratifs aux écoles et centres de santé, mécaniser et payer leurs nouvelles unités.

Toutefois, il importe de noter que la mise en œuvre des programmes sociaux se trouve contrariée par le fait que les décaissements de fonds sont souvent effectués à un rythme qui n’est pas conforme à celui attendu par les responsables sectoriels. Cette discordance temporelle entame l’efficacité avec laquelle les programmes sont exécutés. Aussi, en règle générale, les décaissements sont inférieurs aux crédits votés. Ceci tient aux lourdeurs administratives et à l’état de la trésorerie de l’Etat.

Une bonne partie du financement des secteurs de l’éducation et de la santé provient des partenaires extérieurs. Mais, ce financement est très fragmenté et se fait suivant des projets précis, avec des systèmes administratifs relativement lourds. Cette situation est due à la crise de confiance et aux risques rattachés au système des finances publiques qui opère en-deçà des standards acceptables. Toutefois, au niveau central et au niveau de quelques provinces, on note des efforts de concertation et de planification intégrée avec les partenaires.

Accroitre les ressources, mieux les distribuer et mieux les utiliser

Somme toute, pour garantir une éducation et une couverture sanitaire universelles, les allocations budgétaires en faveur des secteurs sociaux devraient augmenter. Le pays dispose d’un important potentiel fiscal mais qui est sous exploité. Il faudrait approfondir les  réformes financières, surtout dans la collecte des ressources issues des industries extractives. Il y a nécessité de mettre en place, la chaîne de la recette publique aussi bien au niveau central que provincial. Pour assurer une meilleure cohérence des dépenses, il est important que l’allocation budgétaire se fasse suivant les stratégies des secteurs de l’éducation et de la santé. Aussi, il importe de bien exécuter le budget et de rendre compte à la population. La composition et la mise en œuvre des dépenses éducatives et sanitaires devraient déboucher sur des gains d’efficacité de l’action publique.

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