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Croissance économique: beaucoup reste à faire!

Le gouvernement congolais a entrepris, il y a près de cinq années déjà, un grand nombre de réformes avec comme objectif, de promouvoir une croissance économique rapide.

Depuis 2010, en effet, la RDC se trouve donc sur une pente de croissance positive, grâce à une coordination de travail au niveau du gouvernement.

Parmi des mesures qui ont produit ces résultats, il y a notamment la loi sur l’obligation de publier les marchés publics, la modernisation des instruments de gestion des finances publiques, l’introduction réussie de la TVA, et un renforcement de la politique de décentralisation. Ces efforts ont notamment été reconnus par la prestigieuse agence américaine d’évaluation financière Moody’s, qui a également épinglé la nouvelle loi sur les hydrocarbures, et la volonté d’améliorer la transparence et la gouvernance dans le secteur minier, considéré comme clef pour l’économie nationale.

Le dernier rapport Doing Business 2015 publié le 29 octobre par la Banque Mondiale, qui classe la RDC, 184ème des 189 pays du monde suivant la facilité d’y faire les affaires, relève aussi ces efforts. Si la RDC a, en effet, maintenu la place qu’elle a occupé l’année dernière (184ème ), l’institution de Bretton Woods a noté que le pays figure parmi les dix économies, sur les 189 couverts par Doing Business, qui ont le plus amélioré leur environnement des affaires au cours de l’exercice examiné.

Selon ce rapport, ces dix meilleurs pays réformateurs ont mis en œuvre un total de quarante réformes facilitant la pratique des affaires. S’agissant spécifiquement de la RDC, les domaines de réforme de la réglementation des affaires considérés par le rapport de la Banque Mondiale sont notamment la création d’entreprise, le raccordement à l’électricité, l’obtention de prêts (accès à l’information de crédit), la protection des investisseurs minoritaires, le paiement des taxes et impôts ainsi que l’obtention de permis de construire.

Le guichet unique, pilier des réformes

Le rapport souligne, en gros, que la création du guichet unique a rendu la création d’entreprise plus facile.

Mais, en plus de ce paramètre, l’institution de Bretton Woods a également épinglé l’accessibilité au raccordement à l’électricité, notamment à Kinshasa, avec la réduction du nombre d’autorisations nécessaires pour les nouvelles connections ainsi que l’allègement du fardeau qu’était le coût de la caution.

Pour la Banque Mondiale, l’établissement d’un registre du crédit a aussi permis à la RDC d’améliorer l’accès à l’information sur le crédit. Alors que, d’autre part, le pays a renforcé la loi sur la protection des investisseurs minoritaires en imposant la nécessité d’informer le conseil d’administration des opérations entre personnes ou entités apparentées et en permettant aux actionnaires de consulter les documents relatifs à ces opérations et de nommer des commissaires aux comptes chargés de l’examen et de la vérification de telles transactions.

Le rapport précité relève, en outre, que la RDC a rendu plus facile le processus de paiement des impôts pour les entreprises en simplifiant les déclarations d’impôt sur le revenu des sociétés et en abrogeant la loi sur le paiement du montant minimum imposé en fonction de la taille de l’entreprise. Par contre, elle a augmenté le taux de l’impôt minimum forfaitaire appliqué au chiffre d’affaires annuel. Malheureusement, ont regretté les auteurs du rapport, à cause de l’augmentation des frais liés au permis de construire, l’obtention du permis de construction en RDC est plus onéreuse.

La nouvelle image de la RDC

Ces réformes fondamentales multisectorielles dont celles qui sont déjà rendues opérationnelles, sont orientées vers quatre objectifs principaux, qui se ramènent à la facilité de faire les affaires en RDC, à savoir la réduction du nombre de formalités, la réduction du délai d’accomplissement des formalités, la réduction des coûts des formalités et la transparence dans la procédure. La déclinaison de ces réformes donne plus d’une soixantaine d’actes qui ont été menées dans les domaines de création des entreprises, d’obtention d’autres licences, de la fiscalité, de la parafiscalité et de contrôle fiscal et autres.

Moody’s, dans une note d’analyse, reconnaît, en effet, que les courageuses réformes économiques initiées en RDC devraient “porter des fruits à moyen terme”. Ce qui vraisemblablement, a reconnu cette structure, donne plus de visibilité à l’ambitieux projet de Révolution de la modernité.

Redoubler les efforts

économique, reconnaissent les spécialistes en ce domaine, a contribué à la croissance relativement forte du PIB au cours des dernières années, qui a augmenté, comme l’a souligné Michael Tanner, Analyste pour Cato Institute, et l’extrême pauvreté a diminué, de même que la mortalité infantile. Mais il reste beaucoup à faire.

Citant un récent rapport de ses collègues Marian Tupy et Dalibor Rohac, cet analyste a noté qu’ “alors que l’Afrique a connu des progrès tangibles au cours des dernières années, elle reste encore loin du miracle de la croissance que connaissent la Chine et l’Inde, ou de celui qui a porté les pays de l’Asie du Sud-Est à leur niveau actuel de développement économique”. La RDC se compte, en effet, dans le lot de ces pays africains dont il est question.

En dépit de richesses naturelles considérables (terres arables, eau, forêt, mines, potentiel hydroélectrique), la RDC, figure à la dernière place à l’indice du développement humain établi par les Nations unies. Il est vrai, a noté Michaël Tanner, que des politiques économiques défaillantes ne se traduisent pas dans les statistiques à court terme de la croissance économique. Mais c’est parce que la RDC, comme de nombreux pays africains d’ailleurs, est partie d’un niveau faible de développement que même une légère amélioration peut paraître importante. Le pays souffre de beaucoup de problèmes embarrassants et une liberté économique limitée.

L’Agence Moody’s note que la RDC reste un des pays les plus mal classés en matière de gouvernance ou de climat des affaires. Cependant, rassure cette agence qui perçoit une « dynamique positive » sur ce point, sur le long terme, ces indicateurs s’améliorent.

Un pays à très hauts risques

a annoncé dans une étude publiée le 30 décembre dernier que l’économie de la RDC a enregistré un taux de croissance de 8,9 % en 2014. Un taux de croissance supérieur à la moyenne africaine estimée à environ 6%. La banque projette même un taux de croissance de 10 % pour 2015 et, en 2013, le pays avait enregistré un taux de croissance de 8,5%.

Mais personne ne pourra affirmer que malgré ce taux de croissance élevé, les citoyens congolais sont plus prospères.

D’après des commentaires des experts du FMI autour de ce bilan, la RDC évolue dans un environnement interne et externe difficile mais son économie fait des progrès dignes d’éloges avec des tendances positives pour les principaux indicateurs macroéconomiques. Selon toujours ces commentaires d’experts, la croissance est tirée par l’augmentation de la production minière et, dans une moindre mesure, par la production du secteur agricole. Et, le fait que ces bons résultats ainsi enregistrés soient cependant tempérés par une forte dépendance du secteur minier, rend, selon eux, l’économie congolaise très vulnérable au regard surtout de la volatilité de prix de matières premières.

En 2015, la croissance devra donc se poursuivre, soutenue par le dynamisme du secteur minier et la montée en flèche de l’agriculture. “Mais malgré les embellies signalées plus haut, la RDC est et demeure un pays à très hauts risques sur le plan économique où trop de choses restent encore à faire”, préviennent les économistes, qui s’étonnent, par exemple, souvent d’entendre que les caisses de l’Etat sont vides.

D’après les experts du FMI, les contrôles, au vrai sens du mot, manquent cruellement en RDC. Selon eux, il faut accélérer la mobilisation de recettes afin de répondre aux besoins de développement de ce pays qui a des potentialités énormes et très diversifiées mais où l’argent ne rentre pas dans les caisses de l’Etat. Ces experts du FMI ont, par ailleurs, fait remarquer en passant que ces graves contradictions sont à l’origine de la fragilité excessive de l’économie de ce pays et de ses énormes difficultés dans d’autres domaines.

Dans la conclusion de son étude précitée, Michaël Tanner note : “Sur le long terme, si les pays africains espèrent atteindre le type de croissance durable qui mènera à la paix et à la prospérité, ils devront s’appuyer sur les progrès qu’ils ont faits. Ce n’est qu’en limitant la taille de l’État, instaurant les marchés libres et les droits individuels, luttant contre le clientélisme et la corruption, qu’ils peuvent espérer prendre leur place parmi les nations les plus prospères et pacifiques du monde”. Cela est d’autant vrai que la RDC devra le considérer comme un conseil particulier lui prodiguer.

Dans la deuxième édition de son rapport de “suivi de la situation économique et financière” de la RDC jusqu’au premier semestre 2014 présentée fin décembre 2014 à Kinshasa, la Banque Mondiale a, en effet, noté que la RDC aligne des résultats économiques encourageants. Mais, l’institution établie à Washington se montre cependant prudente en invitant le gouvernement à “renforcer l’Etat et transformer la richesse minière en vecteur de croissance de développement et de cohésion nationale”. Le gouvernement devra s’inspirer de ces conclusions pour plus de social dans son action.

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